La hausse de 2012-2017
Un budget qui est loin d’être équitable
Les mesures du Budget 2011-2012 du gouvernement du Québec
Le dernier budget du gouvernement québécois proposait un nouveau plan de financement des universités. Selon ce plan, les universités recevront 850 millions de dollars supplémentaires en 2016-2017 et la provenance de cet argent sera répartie « équitablement » entre les différentes parties. D’entrée de jeu, soulignons que de ce montant, 320 millions servent à maintenir le réseau actuel. Du reste, 332 millions, soit 62 % du réinvestissement prévu, proviendraient directement de la poche des étudiants. Voyons rapidement de quoi il en retourne.
Une facture salée
La hausse des frais engendrée par ce budget sera drastique : 1 625$ sur 5 ans. Une fois ce montant combiné à la dernière hausse (les frais ont monté de 500 $ entre 2007 et 2012), le montant annuel total des frais de scolarité sera de 3 793 $, soit plus du double de ce qu’il était en 2007 (1 668 $)
La facture totale est cependant bien plus élevée. Un rapide coup d’œil à une facture universitaire nous rappelle que nous payons une quantité phénoménale d’autres frais, couramment appelés frais afférents ou frais institutionnels obligatoires. Ces frais sont en constante évolution depuis leur création en 1986 et ils ne sont réglementés que depuis 2007. Bien entendu, ces frais continueront à augmenter, à un rythme supérieur à l’inflation annuelle.
En plus de tous ces frais, rappelons-nous que les livres, les manuels et les autres équipements nécessaires à la formation (instruments de musiques, équipement de laboratoire, etc.) ne sont pas gratuits. Ces autres frais varient grandement d’un domaine d’étude à l’autre, mais en 2017, un étudiant moyen paiera environ 755 $ pour ses fournitures scolaires, ce qui poussera la facture annuelle totale à 5455 $ dont 4700 $ sont absolument incompressibles (les frais de scolarité et les frais institutionnels obligatoires ne peuvent en aucun cas être évités).
Une fois les frais de subsistances (loyer, nourriture, transport, etc.) et les frais scolaires agglomérés, nous obtenons une facture plutôt salée. En 2016-2017, la FEUQ estime qu’elle sera de l’ordre de 15 709 $, ce qui correspond à un montant significatif du revenu total d’une famille moyenne. D’ailleurs, pour arriver à payer cette note, 81 % des étudiants à temps plein déclarent travailler. Et l’été n’est souvent pas suffisant pour amasser ce montant, ce qui force un très grand nombre d’étudiants à travailler pendant leurs études. La moyenne d’heures travaillées dans ce contexte est de 16, ce qui est au dessus du seuil jugé critique pour la réussite scolaire par le Comité consultatif sur l’accessibilité financière aux études du Ministère de l’Éducation, du Loisir et des Sports.
Un réinvestissement équitable ?
Depuis 2007, les étudiants paient des frais de scolarité et des frais institutionnels obligatoires de plus en plus élevés. De manière récurrente, c’est donc un apport de 223 millions de dollars que les étudiants auront fourni. Lors de la hausse de 2007, le gouvernement avait promis d’investir 10 dollars pour chaque étudiant dans les universités. Par contre, une fois ce montant ajusté pour en retirer les augmentations fédérales qui n’ont rien à voir avec cette promesse, puis avoir retiré les sommes servant au maintien du réseau qui ne sont pas un réinvestissement, la part gouvernementale récurrente est de 139 millions. Ce qui veut dire que pour chaque dollar étudiant, le gouvernement n’aura mis que 62 cents dans les universités.
De plus, le Budget 2011-2012 est clair : la part étudiante sera plus élevée que la part gouvernementale. Durant les deux premières années, les étudiants assumeront 65 % du réinvestissement et 53 % pendant le reste du plan de financement, les investissements gouvernementaux augmentant pour cette deuxième période. Au final, les étudiants auront donc assumé 55 % du réinvestissement. Ce n’est pas réellement ce qu’on peut qualifier de répartition équitable des coûts. Durant les 10 dernières années, le gouvernement n’a presque pas réinvesti d’argent et veut maintenant ouvertement demander substantiellement plus d’argent aux étudiants que ce qu’il investira lui-même dans le réseau universitaire. |