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法语小故事

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楼主
发表于 2017-8-19 19:42 | 只看该作者 回帖奖励 |倒序浏览 |阅读模式
  Un vendredi après-midi, vers la fin de l'automne, la clientèle n'arrivait pas; dans le ronronnement des compresseurs de réfrigérateur, M. Feng Li demeurait penché sur son livret , les bras tendus, appuyé des deux mains un peu écartées sur le bord du comptoir. Avec un grincement court et aigu, la porte s'ouvrit, et entra en trombe un homme dans sa cinquantaine, qui salua d'une voix retentissante:
  -Mon bon Chinois, comment ça va?
  Feng sut que c'était M. Jean Tremblay, client qui résidait avenue Bellechasse, à cent pas environ de son petit magasin. Il leva ses yeux brouillés vers l'entrée et répondit:
  -Ça va très bien, merci! Et toi?
  M. Tremblay descendit les quelques marches de fer et tourna à droite, où se dressait dans un coin, contre la balustrade de l'escalier, une table haute rudimentaire, confectionnée de cinq planches de bois contrecollé et au-dessus de laquelle un présentoir multi-compartiments transparent portait toutes les fiches de sélection de la loterie. Il haussa la voix:
  -Tabarnak, ça va mal! Hier, j'ai perdu 800 piastres au casino!
   Un rayon de soleil oblique entrait par la porte vitrée et allongeait sur le congélateur à crème glacée l'ombre floue de deux trembles, dépourvus de feuilles, de l'autre côté de la rue. Entre leurs troncs était tendu un long cordon auquel un commis de chez le fleuriste attachait des ballons multicolores; un peu plus loin vers la droite, dans la vitrine, clignotaient des boules lumineuses autour d'une sapinette.
  Jean, entrepreneur autonome dans l'industrie de la construction, travaillait dans la réparation des murs en briques du début d'avril jusqu'à la fin d'octobre. Parfois il prolongeait sa période de travail vers la fin de novembre, en fonction du nombre de contrats reçus et si le temps froid tardait à s'installer dans la métropole de la Belle Province. Comme il le disait souvent, il faisait ''de l'argent à flots''. Pour combler son temps libre, il jouait beaucoup aux paris sportifs dès que la saison du football américain et du hockey avait commencé.
    Les yeux encore rivés sur les fiches de sélection dans sa main, il marcha vers le comptoir, mais avant de les y poser, il s'exclama:
    -Ça sent le riz ici!
    -Tu aimes aussi le riz? demanda le propriétaire avec un brin de surprise.
    -Estie!
J'haïs l'odeur du riz, je la sens toujours chez ma petite Chinoise.
    Il s'interrompit pendant quelques instants, puis il reprit:
    -Mais maintenant, la Chinoise, c'est terminé!
   Il vivait dans un cottage dépendant de deux étages avec sa conjointe et leur plus jeune fils. En même temps, il entretenait une relation extraconjugale avec une femme cantonaise. Une fois, après une dispute familiale virulente, il était même allé se loger dans l'appartement  du quartier chinois qu'il avait loué pour sa maîtresse et y avait séjourné pendant presque un an.
  Il continua:
   -Le mois dernier, elle est retournée en Chine pour une courte visite. Je lui avais acheté tous les billets d'avion, ça coûtait cher, ces billets d'avion! Mais quand elle est revenue, elle m'a dit que c'était terminé entre nous. Tabarnak!  J'imagine qu'elle a trouvé un autre homme.
   -C'est bien dommage! dit Feng, en se disant que c'était bien mieux ainsi.
  Depuis longtemps, il se sentait fort embarrassé quand Jean parlait, à voix assez haute dans son commerce, et parfois en présence d’autres clients, de sa compatriote. Elle devait vivre à ses crochets, ce qui n’était pas très reluisant. Et puis cela rappelait au commerçant la longue absence du briqueleur qui lui avait causé une perte considérable d’argent, un manque à gagner en quelque sorte.
-Ciboire de mon cul! C'est bien dommage, s'écria le briqueleur en lui donnant une fiche. Passe-la quatre fois, s'il te plaît, mais laisse-moi vérifier le billet avant de la repasser.
  Au lieu de miser gros sur un seul billet, il cochait toujours un montant plus petit sur une fiche et demandait de la passer plusieurs fois dans le terminal de loterie pour que le gain escompté de chaque billet ne dépassât pas six cents dollars, le montant seuil au-delà duquel une boutique n'était plus autorisée à payer pour un billet gagnant. Selon lui, il se sentait très mal à l'aise d'être contraint d'aller au siège social de la compagnie de loterie, où il serait obligé de souffrir la procédure de vérification ''à la con''.
  Feng lui remit les quatre billets, et en revanche, il lui fila une autre fiche, quand deux jeunes ouvraient la porte. Toujours debout, le ventre contre le bord du comptoir, le briqueleur dit tout bas à Feng, comme s'il se parlait:'' Deux jeunes noirs! Je veux pas qu'ils voient tous ces billets. Arrête tout; c'est mieux pour nous deux.''

  Le plus grand de ces jeunes avança d'un pas sur la plateforme intérieure, se pencha légèrement en avant et demanda:
  -Est-ce que t'as des Backwoods?
  -Non, j'en ai pas, Monsieur.
  Le grand murmura quelques mots au petit, qui, tirant d'une main la poignée vers l'arrière et appuyé de l'autre sur le chambranle d'aluminium, allongeait le cou vers l'intérieur du magasin par la porte entrouverte afin de mieux écouter son copain. Ensuite, tous les deux descendirent les marches l'un après l'autre. Tandis que le premier s'orientait vers la caisse, le second tourna à droite vers la rangée de réfrigérateurs, remplis de jus et de boissons énergisantes. Feng inclina un peu la tête sur le côté, car son attention se focalisait sur l'accoutrement du petit, qui venait de lui tourner le dos, montrant de gros écouteurs roses sur les cheveux noirs bouclés et un blouson style perfecto, un peu trop ample pour son corps chétif. Sa ceinture noire était lâche sur ses hanches, laissant tomber, par-derrière, son pantalon au-dessous de ses fesses et voir l'écarlate de son caleçon.
  -Ça va bien, Monsieur? dit le grand au commerçant comme pour entamer une conversation, à côté de M. Tremblay, qui s'adressa aussi à Feng :''Passe d'abord ce monsieur.'' Le briqueleur se retira de l'autre côté.
  -Oui.. très bien.. Merci.. et vous? balbutia Feng, tenant encore à l’œil le petit, qui faisait glisser la portière d'un réfrigérateur.
  -Les Chinois travaillent tout le temps, hein? continua le grand. Ils prennent jamais de vacances.
  -Quoi? marmotta Feng entre ses dents, en réorientant son regard sur sa figure.
  -Qu'est-ce que je peux faire pour vous, Monsieur?
  -C'est quoi, ça? enquérait ce jeune en désignant de son index une à une les marchandises étalées sur les deux côtés du comptoir, et demandait également leur prix.
  M. Li s'impatientait de plus en plus, quand soudain, il aperçut le petit rouvrir déjà la porte et s'apprêter à partir.
  -Il est ton ami, celui-là? demanda-t-il en indiquant le petit d'un signe de tête.
  -Non, je le connais pas, répondit le grand. Au revoir, Monsieur.
  Il quitta à son tour le commerce, laissant le marchand tout pantois derrière sa caisse enregistreuse. Quant à M. Tremblay, en regardant d'un œil dédaigneux la silhouette du grand jeune en dehors de la porte, il lança:
  -Mangeux de marde, je déteste ces gens-là. L'autre a sûrement pris quelque chose, tu peux checker ta vidéo de surveillance après. Où est ma fiche donc?
  Feng la retrouva sur le clavier de l'ordinateur, et il pensait encore à ces deux jeunes.
  -Ho, ho, t'en es où là? continua le briqueleur. Passe-la dix fois, s'il te plaît.
  Feng introduisit la fiche dans le terminal de loterie, puis il lui étendit le billet sur la vitre du présentoir à ''gratteux'' ancré au milieu du comptoir, pour que M. Tremblay le vérifiât. Pendant qu'il l'examinait, plusieurs clients arrivèrent et se mirent en ligne derrière lui. Il tourna la tête vers l'arrière, puis s'écarta de la file en disant :'' Passe la madame d'abord.''

   C'était une femme portant un voile beige parsemé de petites fleurs rouges et bleues. Elle demanda un paquet de cigarettes Québec Souverain. En le lui tendant, Feng songeait à ce qu'il ferait si une musulmane en niqab ou en burqa venait dans son commerce: il se tiraillerait entre le respect de la liberté de la religion et la sécurité de son commerce et de sa personne, car des malfaiteurs pourraient bien se déguiser d'une manière semblable. Les deux clients suivants voulurent acheter des cartes d'appel et des barres de chocolat. Puis la dernière dans la queue se mut vers l'avant et dit:
  -Un paquet de cigarettes Québec Libre rouge 25 king size, s'il vous plaît.
  Feng reconnut à son accent qu'elle était originaire du Maghreb. Elle était de taille moyenne et bien en chair. Son manteau serré marquait nettement le contour arrondi du haut de son buste et ses cheveux frisés soigneusement peignés s'amenaient vers l'arrière de son crâne, au-dessus de ses grosses oreilles légèrement écartées aux lobes saillants. En-dessous de son front entièrement découvert, les deux sourcils bien fournis approchaient, en s'élargissant, d'un nez large et charnu. En bas de son visage bouffi et massif, la courbe de son menton allait se confondre dans la pâleur de ses deux joues dodues. Elle lui paraissait âgée d'aux alentours de trente ans. Toujours fidèle à son habitude, M. Li devinait l'âge de ses clients souhaitant des produits de tabac; il ne voulait pas vendre, par inadvertance, de cigarettes aux mineurs. Mais deviner l'âge d'une personne est purement subjectif; en conséquence, cette tâche est aussi difficile, sinon plus,  que conjecturer si un individu entré, le visage presque couvert, dans la boutique en saison froide est malintentionné ou non. La femme lui donna son billet de 20 dollars, et il lui rendit la monnaie. Elle prit les cigarettes et partit.
   -Les cigarettiers inventent toujours de nouveaux trucs, hein? commenta M. Tremblay vis-à-vis de Feng.
   -Oui, ils ont créé de nouvelles marques pour complaire aux clients québécois, répondit le détaillant.
   -Ils sont tous des crosseurs. Le billet est bon. Repasse la fiche dix fois, au total, s'il te plaît.
   Feng traita prestement sa commande, puis lui remit tous les billets.
   -Ça fait combien en tout? demanda le briqueleur.
   -Neuf cents.
   Jean sortit de sa poche une liasse de billets attachés d'un élastique et la jeta sur le comptoir:
  -Compte-les après, s'il y a un problème, tu me le dis, je suis à la maison.
  Il quitta la boutique. À l'extérieur, il échangea quelques mots avec son voisin d'origine haïtienne, M. Claude Noël, qui se dirigea avec son sac réutilisable vers le magasin Métropolitain. Ces deux voisins aux caractères diamétralement opposés s'entendaient à merveille, malgré le grand écart de niveau de scolarité entre eux. M. Noël, détenteur de deux doctorats, travaillait comme ingénieur chimiste dans une compagnie pharmaceutique renommée. Sa femme, qu'il avait rencontrée à l'université, n'était jamais sortie travailler durant vingt-sept ans de mariage; cette femme au foyer consacrait tout son temps à s'occuper de leur maison et à élever leurs quatre enfants. Après toutes ces années de tâches ménagères accablantes, elle avait pété les plombs et s'était démenée afin de trouver un emploi sur le marché de travail. Miraculeusement, elle avait réussi à décrocher en cet été un poste de psychopédagogue dans un cégep privé, ensuite elle avait délaissé son mari et leurs deux fils (leurs deux filles étaient déjà indépendantes), et enclenché le processus de divorce. Ce revirement abrupte avait profondément affecté ce brave homme autant sur le plan physique que psychologique. Depuis lors, il s'enlisait progressivement dans la dépendance aux boissons alcooliques, et il devait lui-même faire l'épicerie et le ménage après son travail. En dépit de son drame familial, il réconfortait souvent Feng pendant ses moments de déception ou de découragement.

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 楼主| 发表于 2017-8-19 19:56 | 只看该作者
网管,这是我自己写的小故事,拿来晒一晒。审核需要这么长时间啦?
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